Cette escapade à Trapani était mon premier voyage seule à l’étranger. Oui, il y a eu quelques craintes, oui, il y a eu un peu de solitude. Mais il y a surtout eu un tête-à-soi qui m’a fait beaucoup de bien. Une escapade qui m’a permis de sortir de ma zone de confort, de me dépasser et de grandir.
Ça faisait 4 ans que je n’étais pas venue en Sicile. La dernière fois, c’était pour mes 30 ans. J’étais montée au sommet du Stromboli. Une poignée de jours après la naissance de mon filleul. Deux semaines avant que le volcan explose et que l’accès au sommet soit fermé. Moins d’un an après une séparation. Moins d’un an avant le Covid.
4 ans que je n’avais pas foulé le sol italien, la terre de mes origines, la terre de mon sang. 4 ans que je n’avais pas entendu la plus belle mélodie au monde, la langue italienne.
C’est la première fois que je venais en Italie sans mon père et sans mon frère. Sans mes repères, mes piliers. Mon rapport au pays en a été un peu bousculé. J’ai dû réapprendre. A parler italien et à me faire comprendre seule. A choisir un programme et à m’occuper seule. A gérer la conduite seule - et la conduite en Sicile... seuls les vrais savent. A poser de nouveaux repères et à créer de jolis souvenirs seule.
Alors oui, ça m’a fait un peu peur, mais j’ai réappris la Sicile seule. Cette île brute et authentique, chaleureuse et rugueuse que j’aime profondément. Cette île qui ne jette pas de la poudre aux yeux des touristes. Cette île qui respire, qui vit, qui vibre, bruyamment.
Quand je suis arrivée à Trapani, mes premières pensées ont été : « mais qu’est-ce que je fous là ?! ». J’avais oublié ce qu’était la Sicile. J’ai trouvé la ville sale, mal entretenue, peu accueillante. Des voitures garées PARTOUT, même dans les endroits les plus inattendus. J’avais oublié le chaos ambiant qui règne en Sicile et ça m’a prise au dépourvu. Et puis. J’ai marché jusqu’à l’appartement de location. Je suis arrivée dans le centre-ville, le charme a opéré et j’ai compris ce que j’étais venue chercher ici.
Les journées à Trapani ont été douces. J’ai bu des Spritz en terrasse, dégusté des salades de poulpes. J’ai déambulé sur le port, visité les jolies ruelles du centre, fait la sieste au bord de l’eau, observé la vie autour de moi. En fin de journée, accoudée à la balustrade, l’appareil photo en bandoulière, j’ai admiré les coucher de soleil sur la mer. Capté les lumières et le vol des oiseaux. Ensuite, j’allais au bout du Corso Emanuele pour acheter quelques arancini (spécialité culinaire sicilienne, ce sont des boulettes de riz farcies, panées et frites) et les savourer face à la mer. J’ai observé les terrasses pleines à craquer, écouté les Italiens rire un peu trop fort. Au milieu de ce tumulte de vie, je me suis sentie si seule et pourtant si entourée.
J’ai pris une journée pour aller découvrir la Réserve Naturelle de Zingaro, à 50 minutes de Trapani, en direction de Palerme. Une merveille de nature. J’ai suivi le sentier de randonnée qui longe la mer, j’ai respiré les parfums du printemps, écouté le silence, admiré le bleu turquoise des plages paradisiaques en contrebas, discuté avec un adorable monsieur Suisse et pris des coups de soleil (hydratez-vous et mettez de la crème solaire).
Je suis rentrée à Trapani avec un nez tout rouge et une fracture de la rétine.
Bref, une magnifique journée.
L’Italie, je l’ai dans la peau et dans le sang. Je l’ai dans mon nom et dans mon cœur.
J’aime ses sonorités, ses paysages aux mille couleurs, sa langue chantante et ses peaux bronzées. J’aime sa joie de vivre et son exubérance.